jeudi

Lettre à une inconnue

Comme je l'avais dit plus bas, il est difficile d'oublier, d'être réellement apaisée, d'être définitivement calmée. La blessure se réveille parfois et telle un raz de marée, vient balayer le présent.
Aujourd'hui, quelque chose a ravivé la douleur qui sommeille toujours dans le ventre de ma sœur.
Parallèlement ce quelque chose ressemble à l'expulsion d'un morceau du bâillon avalé il y a longtemps.
Un retour vers le passé, un retour obligé, un retour engendré par ceux qui ne veulent toujours pas entendre , ni comprendre et qui reviennent inlassablement détruire ce qui, pierre après pierre se reconstruit.
La lettre que j'ai reçue de ma sœur est une lettre adressée à la femme de mon père. Cette fois, c'est par elle que le mal revient, que le mâle tente son approche...Qui est cette femme ? Je ne le sais pas, je ne la connais pas... J'en ai rencontrée beaucoup mais pas celle-là.

Personne ne recevra jamais cette lettre...




Danielle,

J’aurais aimé que tu restes à ta place car jamais je n’aurais voulu écrire cette lettre... Mais, tu t’es mêlée de ce qui ne te concernait pas alors je vais me permettre... avec tout mon respect et ma sympathie.

J’ai été très surprise de ton message au sujet de ma grand-mère. J’apprécie tes efforts de rapprochement avec elle. Les dernières fois que je lui ai parlé, elle me disait qu’elle ne te voyait jamais, qu’elle ne te faisait pas confiance, qu’elle n’aimait pas ton rire hypocrite... Mais tu sais, dans cette famille, on ne peut se fier à tout ce qui se dit...

Je te plains beaucoup de te voir ainsi la marionnette d’un manipulateur. Je sais que les mots contenus dans ton message ont été dictés par mon père. Et je ne peux t’en vouloir car j’ai moi-même souvent été victime de ce genre d’abus. Mon père allait même jusqu’à acheter des cartes postales de New York à chacune de ses visites. Cela lui permettait de me les envoyer au besoin. Mon devoir était d’y écrire un mot sous le sien et de la poster à une de ses femmes qui le pensait ainsi avec moi alors qu’il profitait d’un séjour sous les tropiques avec une autre. D’autres lettres aussi, écrites de sa main, que je devais recopier pour faire croire qu’elles venaient de la mienne... Il se servait de moi pour mentir encore davantage auprès de femmes qu’il ne cessait de trahir. Mais que veux tu ? J’aimais tellement mon père... au point d’être complice de toutes ses trahisons et de toujours me taire. Et puis, je voulais surtout l’aider, le sortir du pétrin. Il me racontait comment il était malheureux, victime de femmes jalouses, hystériques, folles et dépressives... Je le croyais !

Pendant des années, j’ai connu le même scénario. Je te passe des détails sur toutes les conquêtes qu’il a pu avoir après son divorce... Ses secrétaires, ma prof de gym, des filles rencontrées à l’époque sur minitel.... Toutes y passaient. À New York, il m’a présenté une femme différente à chacun de ses séjours... Il attachait une grande importance à mes avis... Pourtant, la dynamique était toujours la même. Une semaine dans un grand hôtel... achat d’un beau bijou (en général, une bague), promesse de mariage, éventuel projet d’adoption d’un Éthiopien... Des femmes de toutes les grandeurs, tous les âges, cheveux longs, courts, blonds, bruns... Plein de femmes... Et toutes charmantes avec moi, généreuses, souriantes, amicales... Et puis, 2ème rencontre, souvent lors de mes vacances à Perpignan, c’est la dégringolade... Les femmes me méprisent, me croient jalouse d’elles, m’infantilisent, s’adressent à moi comme à une pauvre fille faible et fragile d’esprit...

À l’adolescence, je n’osais plus inviter des amies à la maison. Elles me disaient que mon père les mettaient mal à l’aise. Plus tard, une de mes collègues de travail avec laquelle j’étais partie en vacances à Perpignan ne m’a plus adressé la parole. Elle faisait circuler au bureau que mon père était un mac, un espèce de malade qui avait voulu la baiser. Aujourd’hui encore, lorsque je dis à mes vieilles amies que je ne parle plus à mon père, elles déballent enfin leur sac. Elles me racontent comment elles se sont faites draguées outrageusement par ce dégueulasse. J’ai honte.

Voilà, pour moi, tu n’es rien d’autre qu’une autre dans toute cette masse.

Je t’ai vu rire en le voyant m’inventer la recette de mon souper d’anniversaire. Tu trouvais cela sans doute mignon... Juste un petit mensonge de rien du tout. À mes yeux, pathétique son acharnement à me convaincre de son talent à cuisiner une sauce béchamel à défaut de l’authentique sauce au vin livrée par le traiteur. Mignon, attendrissant, touchant, craquant... tu n’as aucune idée à quel point il peut mentir sur tout, tout le temps. Ainsi, tu ne pourras jamais envisager le fait qu’à l’époque ou il t’a rencontré, il en fréquentait une autre à Paris, et qu’il tentait de faire entrer en France une Russe, rencontrée sur internet. Je le sais, car il m’avait demandé de fournir des papiers personnels pour faciliter son immigration. Le jour ou il m’a annoncé votre mariage, il m’a dit : “la Russe est beaucoup mieux, mais c’est trop difficile de la faire venir ici...” Alors, excuse moi si je n’ai pas été réjouie par la grande nouvelle... Je te voyais comme un tas de viande que l’on achète à la boucherie... D’autant plus, qu’un an auparavant, il était déjà dans les préparatifs de son mariage avec Dominique. Trois semaines avant le jour J, elle est partie brutalement sans explication. Je n’ai jamais bien su ce qu’il s’était produit. Mon père m’a tenu l’habituel discours : une folle, hystérique, dépressive et en plus, libertine. Tu peux demander à ton gynéco, Patrick, pour connaitre la vérité, il semblerait qu’elle se soit enfuie avec lui... En te sachant traitée par le même médecin, mon père s’en est d’ailleurs tout de suite inquiété... Il est probable qu’il t’ait recommandé d’en changer. Éloigner, disperser les personnes de son entourage... Les remonter les unes contre les autres, les faire se détester entre elles... Voilà la stratégie de ce monstre pour ne pas se faire démasquer.

Ma démarche te paraitra sans doute perfide, lâche, dégueulasse, perverse (pour reprendre ses mots)... Elle le sera aussi longtemps que tu me penseras être la traitre, la menteuse, la folle... Tant pis pour toi... Je n’ai aucunement le désir de t’ouvrir les yeux... Ce serait un effort en vain. Il arrivera un jour où tu te sentiras confuse, comme dans un brouillard permanent... Tu percevras un décalage entre ton senti, ton ressenti, ton intuition et ce que ton mari te dit... Tu perdras la confiance et l’estime de toi... Tu ne comprendras pas pourquoi tu as perdu ta joie de vivre. Et tu te diras que tu es folle, hystérique, dépressive... Et malheureusement, tu te dévaloriseras sans jamais remettre en cause les perversions de ton mari. Confuse, tu l’es déjà... Tu te demandes comment un être si aimant, si parfait, peut être la cible de tant de mépris de la part de ses filles... Ne nous connaissant pas, tu n’as aucune réponse... Tu te contentes alors de croire qu’il s’agit bien d’une conspiration mondiale dirigée contre lui... Ma mère, mon beau frère, les psy, tous se sont alliés pour anéantir ce semi Dieu... Tous possédés par la haine et la jalousie !! Confuse parce que déjà, tu ne cherches plus à accéder à la vérité. Tu bois les paroles du messie sans même chercher les preuves de son discours. As tu lu notre correspondance ? Non, je suis certaine que non... Il te l’a raconté à sa sauce et tu l’avales les yeux fermés... Confuse parce que la béchamel n’a ni l’odeur, ni le gout du vin mais tu préfères croire aux apparences plutôt que de te savoir trompée. Confuse parce que ses filles semblent t’agresser alors qu’il t’a juré faire partie d’une famille harmonieuse et aimante, sans problème. Confuse de ne rien comprendre à ce que tu perçois comme de la méchanceté gratuite... Confuse de subir tant d’injustice... Je te plains car j’ai connu cette confusion une grande partie de ma vie. Je suis libre maintenant et je tiens à le rester.

Ma liberté repose sur l’honnêteté et l’authenticité. Je sais gérer l’humiliation et la culpabilité lorsque je comprends la nécessité de demander pardon à ceux que j’aime mais que j’ai pu blesser.

En choisissant cet homme, tu t’es engagée avec le diable... Tu lui as juré de l’aimer pour le meilleur et pour le pire. Ce n’est pas mon problème. Je ne veux pas être témoin de ta destruction... Je n’agis que dans le souci de ma propre reconstruction. Aussi, je me tiens loin du diable. Élevée par ce père vampire, je n’ai pas eu le choix... J’ai dû simplement le subir... Cependant, aucune loi ne m’oblige à rester sa victime. J’ai donc trouvé le meilleur en me coupant de lui... Le pire est derrière moi. Mon père est mort, j’ai fait mon deuil.

Je te demande donc, une dernière fois, de me laisser tranquille. JE NE VEUX PLUS AUCUN CONTACT ni avec toi, ni avec mon père... Je compte sur toi pour faire régner ce souhait, même si tu ne le comprends pas... Je t’espère assez intelligente pour saisir que ma décision résulte de raisons personnelles dans le cadre d’une relation établie entre une fille et son père... Reste donc à ta place, aussi confuse que tu puisses le demeurer.


Mordaza soeur

4 commentaires:

Anonyme a dit…

La vie, des fois, c'est comme un restaurant.. l'addition finit par tomber sur la table.. on ne peut pas toujours se réjouir sans conséquences... Là, l'addition est particulièrement lourde... J'espère que papa se sera bien empiffré auparavant... Il semblerait que ce soit terminé........

Colette

Anonyme a dit…
Ce commentaire a été supprimé par un administrateur du blog.
Mordaza a dit…

Les anonymes pervers et incestueux qui de plus ne savent pas lire, sont mal venus sur ce blog.

Anonyme a dit…

bonjour je vous invite à une journée gospel le 12 juillet 2014 à montréal et ou ma soeur et moi parlerons d'abus par un membre de notre famille, la facon que nous nous en sommes sortis et comment nous avons fini par pardonné , pour toute information , via facebook au : lessoeurs Tshiala ou encore lestshiala@hotmail. ca. Courage il y a un futur meilleur pour vous.